Les grands hommes ne sont pas �galement honor�s, ni au regard de leurs m�rites, ni � celui de leur notori�t�. Les uns, obstin�s artisans du bonheur de leurs contemporains ou de la grandeur de leur patrie, se voient d�cerner quelques noms de rues ou de places publiques au gr� des pr�f�rences partisanes des �lus locaux qui leur ouvrent ainsi les portes du souvenir. Les autres, g�n�ralement des militaires parce que le Fran�ais n'aime rien tant que le fracas des batailles livr�es par ses p�res, sont enseign�s dans les livres et lou�s dans des films � grand spectacle. Il arrive m�me que l'on confonde la gloire et la vertu et que l'on donne en exemple des noms et des visages dont on ne sait que ce que colporte une l�gende fa�onn�e pour les besoins de la cause. Il advient surtout que l'on oublie des talents et des courages hors du commun parce que nul, ou si peu, ne se sont attach�s � t�moigner pour eux.
Pour ma modeste part, je peste silencieusement quand je r�alise le culte rendu � Louis XIV affameur de son peuple, � Napol�on Ier, bourreau de l'Espagne, tra�tre aux id�aux r�volutionnaires ou � Thiers, massacreur de la Commune et quand je ne lis sous les vo�tes de l'Arc de Triomphe de l'Etoile ou sur les plaques des boulevards de Paris que les noms de 558 sabreurs, dont 19 mar�chaux, et que j'y cherche en vain ceux de Champollion, Monge, Montgolfier, Berthollet, Chappe ou Lavoisier, il est vrai enfants de la R�volution et dont les m�rites sont heureusement reconnus au-del� de nos fronti�res par tous les hommes de bien et leurs le�ons retenues. Le�ons, que nous falsifions, adaptons � nos convenances, � nos pudeurs, � nos remords tant il commun de m�conna�tre faute de conna�tre.
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